Comme toujours, la proposition de la compagnie fait la part belle au visuel et aux images. L’univers d’Alice est une mine d’idées plastiques : changements d’échelle, métamorphoses, animaux anthropomorphes, personnages fous, situations surprenantes et décalées. C’est donc à partir de cette matière que la compagnie s’engage dans un projet emprunt de merveilleux et de non-sens, dans un monde suspendu où le temps et l’espace deviennent élastiques et où plus rien n’a de pesanteur ; entre rêve éveillé et réalité rêvée. L’oeuvre d’Alice nous permet d’aller au-delà du réel, d’aller vers la démesure et le dépassement. Cette version d’Alice a la particularité d’un texte enregistré. Rien n’est dit au plateau. L’univers sonore et la musique s’orchestrent avec les enregistrements des voix des personnages et de la narration. Les parties visuelles et sonores se font écho, se complètent et s’enrichissent. Alice est entre deux âges : l’enfance et l’adolescence, un passage qui n’est pas toujours facile. Les personnages qu’elle va rencontrer dans ses merveilleux rêves sont tous des adultes, mais ne sont pas si bienveillants avec elle. Elle ne comprend pas pourquoi on s’adresse à elle ainsi. Elle s’en agace et est souvent dans la fuite. Mais dans cette histoire-là, elle va pouvoir rejouer toutes les scènes et les orchestrer comme elle l’entend. Ce sera l’occasion de prendre confiance en elle et de s’affirmer suffisamment pour chasser cette ombre qui lui rôde autour depuis longtemps et dont elle n’arrive pas à se dépêtrer.